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Ce projet repose sur la rencontre entre le dedans et le dehors dans l’expérience du paysage. Plus précisément, il s’agit pour moi de situer l’expérience du paysage à la limite de la perception et de l’imagination, à l’orée du souvenir et de l’hallucination, dans l’entre-deux de la peinture et de la sculpture. Ce lieu qu’ouvre l’entre-deux est plus précisément celui où se touchent le paysage contemplé, traversé, que le corps tout entier regarde en se mouvant, et le paysage intériorisé, mémorisé, que le cerveau engramme, altère, invente, par le rêve ou l’hallucination.

 

Paysages du dehors

 

Les paysages du dehors évoquent plutôt qu’ils ne représentent une certaine expérience de l’hiver, le mouvement d’orogenèse de la terre et des éléments, la topographie découpée d’une colline, d’un volcan, d’une chaîne de vallons qui prend une forme quasi abstraite, parfois autonome de tout site reconnaissable. C’est le devenir paysage de la peinture elle-même qui est interrogé par le travail du support, des couches picturales, du format.

 

Paysages du dedans

 

En regard, les paysages du dedans sont la mise en image d’hallucinations vécues entre 6 ans et 11 ans lors de fortes fièvres. Trois hallucinations au total m’ont marquées, deux étaient visuelles et fascinantes (Le serpentLe peuplier) et une était strictement auditive et angoissante (1-10). Ces trois hallucinations sont gravées sur du zinc, à la fois projetées depuis mon esprit au moment de leur surgissement et projetées depuis ma mémoire – donc altérées, reconstruites voire sublimées – alors que je suis devenu adulte. Au sol, une dernière plaque de zinc présente une image de mon cerveau, abstrait de mon corps, origine et surface de projection des trois hallucinations. L'ensemble repoduit en quelque sorte les chambres de mon enfance.

 

Paysages sonores

 

En accompagnement des paysages du dedans, une composition musicale électroacoustique de Bruno Abt interprète mes hallucinations par des images sonores. On y entend mes mots d’adulte, le bruissement des feuilles de peuplier, le comptage lancinant de 1 à 10, les sifflements spiralés du serpent bougeant lentement sur le plafond de la chambre parentale...

 

Par le mouvement des visiteurs, par la lumière et par le son, le dialogue se produira ainsi entre les paysages du dehors et les paysages du dedans. L’idée générale est que ces deux espaces entrent en résonance pour former l’orée des paysages – réciprocité sans fusion.

Entretien vidéo sur l'exposition réalisé par les patients du C.R.I.T. de Bruxelles

durée : 18min 31

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